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Le blog de Philippe PUGNET

Un citoyen engagé, une opinion libre, une lecture du présent

Diesel…vous avez dit courage politique !

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Des études de plus en plus précises mais de moins en moins controversées ont permis de prendre conscience de la nocivité des particules fines rejetées par nos véhicules diesel qui ont envahi, de manière inconsidérée, nos villes et nos campagnes.


On savait déjà que ces particules microscopiques provoquaient des manifestations inflammatoires des voies respiratoires, allergies, crises d’asthme et autres  bronchites chroniques.


Désormais, nous ne pouvons plus ignorer que le diesel a été classé par l’OMS parmi les substances cancérogènes pour l’homme. Ce carburant serait, en effet, à l’origine de nombreuses manifestations cardio-vasculaires et provoquerait une augmentation de la mortalité cardio-pulmonaire et du cancer chez l'adulte.

 

Ainsi, selon certaines études, le diesel pourrait être responsable de 42.000 morts prématurées par an, un chiffre dramatique, à rapprocher, pour mieux en comprendre la gravité, des 3 645 personnes qui ont été tuées sur nos routes, en 2012.

 

Un résultat alarmant pour la santé publique qui n’a pas empêché, pour de toutes autres raisons, les lobbyings de toute sorte, à se manifester.

 

A force d’avoir incité les consommateurs que nous sommes, depuis le début des années 70 et le fameux choc pétrolier, à acheter des véhicules diesel réputés plus économiques en carburant, par ailleurs moins taxés que l’essence, considérée comme plus polluante, nous en avons été réduits à accepter et normaliser une demande de plus en plus importante, faisant du parc automobile français le plus diésélisé d’Europe.


Aujourd’hui, les constructeurs automobiles, notamment hexagonaux, complices volontaires d’un prosélytisme bien orchestré, s’alarment pour leurs choix industriels étroitement liés à la volonté politique, depuis des décennies, de moins taxer le diesel, ce fioul léger produit à partir du raffinage du pétrole.


Comme pour se dédouaner de la nocivité prouvée de ce type de carburant sur la santé publique, ces mêmes constructeurs n’hésitent pas à vanter leurs fameux filtres à particules ( FAP ) . Ces derniers empêcheraient les particules fines mesurant entre 10 et 1 000 nanomètres de diamètre et reconnues comme les plus dangereuses pour l'homme, car susceptibles d'entrer le plus profondément dans les voies respiratoires, de se répandre dans l’atmosphère.


On croirait entendre les fabricants de cigarettes vantant la qualité de leurs filtres moins nocifs pour la santé, lors des discussions parlementaires sur la loi EVIN !


Mais ce que nos chers constructeurs oublient de dire c’est que, même avec un FAP, un véhicule diesel émet jusqu’à trois fois plus d’oxyde d’azote qu’un véhicule essence, soit 180 mg/km au lieu de 60.


L’oxyde d’azote, chacun d’entre nous en a entendu parler ; du CITEPA beaucoup moins. Or c’est ce CITEPA - Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique – qui indiquait déjà en 2008, que les oxydes d’azote étaient principalement émis par le transport routier, responsable d’environ 52 % des émissions. Bien plus, ces oxydes d’azote contribuent aux phénomènes des pluies acides, à la formation de l’ozone troposphérique, dont ils sont l’un des précurseurs, et à l’atteinte de la couche d’ozone stratosphérique comme à l’effet de serre.


Alors, pour s’en dédouaner, nos constructeurs hexagonaux célèbrent l’entrée en vigueur, au 1er janvier 2014, de la norme Euro 6 qui devrait limiter drastiquement les émissions d’oxyde d’azote des automobiles nouvellement mises sur le marché.


Que de palabres ! Comme les discours des groupes pétroliers vantant la qualité de leurs produits et préférant se taire sur les profits exorbitants qu’ils encaissent suite à la vente, en France,  de quelques 40 milliards de litres de gasoil contre 10 milliards de litres d’essence ! Sans oublier les propos, à mots couverts, pour l’instant, de certains usagers comme les routiers, les chauffeurs de taxis, les agriculteurs et autres marins-pêcheurs qui ne voient que le prix à la pompe !


En attendant, dans un pays en crise, soumis à des contraintes budgétaires rigoureuses et au contrôle implacable de la finance et autres agences de notation, un grave problème de santé publique est posé.


L’équation, pour un gouvernement de gauche, n’est pas simple. Les hypothèses avancées par les uns ou les autres, qu’elles touchent à un éventuel rééquilibrage de la fiscalité sur les carburants, à l’incitation à favoriser la destruction de véhicules diesel trop anciens, au rééquilibrage du parc automobile en faveur de ceux fonctionnant à l’essence… ne doivent pas occulter l’exigence d’enrayer rapidement et durablement une nocivité grandissante pour nos concitoyens.


Nous savons les pouvoirs publics ingénieux pour réduire -  et c’est une nécessaire exigence – la mortalité sur nos routes ( 3645 tués en 2012) en multipliant notamment les radars qui ont rapporté 641 millions d’euros en 2011 et plus de 700 millions d’euros en 2012.


Une autre exigence s’impose pour mettre fin à une autre hécatombe, près de douze fois supérieure. Elle contraindra le gouvernement à faire preuve de lucidité et d’un certain courage politique car les lobbies en tout genre ne désarmeront pas.


Sur cette question, comme sur bien d’autres d’ailleurs, il importe, pour redonner du sens à notre société, de prendre une autre direction que le sens unique de la pensée du même nom.

 

 

Cet article est en ligne également sur Le HuffingtonPost : http://www.huffingtonpost.fr/philippe-pugnet/dieselvous-avez-dit-coura_b_2805469.html?utm_hp_ref=france

 


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